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Piekouakami
22 février 2015

Labeauminable

 

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Le Devoir
Éditorial, samedi 21 février 2015, p. B4

Éditorial
Tour de 65 étages à Québec - Carences phares
Antoine Robitaille

 

L'annonce, à Québec, de la construction d'un complexe pharaonesque, dont un Phare de 65 étages, met en lumière plusieurs carences de l'administration Labeaume, laquelle avait réclamé ce projet privé.

 

Personnage dynamique et ultrabouillant, le maire de Québec depuis 2007 a réussi, grâce à ses talents de communicateur qui confinent au cabotinage, à dissimuler ces carences. L'opposition, faible, a bien tenté de les mettre en relief ; mais en vain. Avec l'annonce de cet énorme geste urbain combiné à l'autre, le nouvel amphithéâtre orphelin d'une équipe de la LNH, des critiques commencent heureusement à se faire entendre. La lune de miel, trop longue, est terminée. Et c'est tant mieux pour la démocratie.

 

Première carence : la constance. La liste des volte-face coûteuses de M. Labeaume est beaucoup plus longue que celle de ses réalisations : Clotaire Rapaille, Forum universel des cultures, emplacement de l'amphithéâtre, tramway, Olympiques, dossier de l'Hôtel-Dieu, coffre-fort virtuel, etc.

 

À travers ces changements de cap, une constante, il faut le dire : Québec doit se doter d'un phare ; un immeuble " signature ". Pour " changer son image "... Comme si la capitale n'avait pas de signature, comme si elle avait mal à son image ! Sous-jacent ici : un dommageable complexe d'infériorité.

 

Un tel sentiment suscite un désir d'imitation frénétique. Le maire revient de ses missions à l'étranger avec des factures téléphoniques disproportionnées, mais, systématiquement, avec de nouvelles idées d'imitation. Avant d'abandonner le Forum des cultures en 2010, il disait vouloir en faire la " Barcelone du Nord ". Revenant de Chicago en 2010, il y vante l'architecture et dit vouloir la même chose pour sa ville. Et ainsi de suite. Québec peut-elle simplement être Québec ? Peut-elle évoluer à partir de ce qu'elle fut, de ce qu'elle est ? L'inspiration doit-elle nécessairement venir d'une importation ?

 

Au mépris de ce qu'il dit depuis des années, soit qu'il faut densifier à l'est, qu'il faut développer les quartiers Pointe-aux-Lièvres et D'Estimauville (où il rêva jadis de planter un " phare "), le voilà qui accueille de manière extatique un projet de tour gigantesque, d'inspiration dubaïenne, boulevard Laurier.

 

Le complexe d'infériorité est satisfait : la tour sera plus grande que celles de Montréal... Si ce n'était que puéril, cela pourrait être drôle. Mais c'est à partir de sentiments pareils qu'on bouleverse la planification urbaine d'une ville, son réseau de transport, son marché d'espaces à bureaux. On se croirait de retour aux années Lamontagne ou Pelletier, où tant d'erreurs urbanistiques furent commises ; où tout se décidait entre des promoteurs et le maire, dans le bureau de ce dernier.

 

© 2015 Le Devoir. Tous droits réservés.

 

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Piekouakami
  • Alors actif, je jetais déjà un regard critique sur les médias. Ce qui, du reste, m'a valu quelques inimitiés chez des collègues. Maintenant retraité, je garde toujours ce même regard critique, mais cette fois, avec une perspective plus distanciée.
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